Surmortalité en France en 2021

Le 5e département le plus touché par une surmortalité en 2020 en France métropolitaine

58% des emplois (équivalents temps plein) des établissements hospitaliers du canton de Genève ont un diplôme français, en 2013 comme en 2019

 

La surmortalité en 2020 a été de 9% en France. Les régions Auvergne-Rhône-Alpes, Grand Est, Bourgogne-Franche-Comté et Ile de France ont été les principales régions touchées par la pandémie, au contraire de toute la partie Ouest du territoire national. La Savoie et la Haute-Savoie ont été nettement les départements les plus touchés, dans des proportions égales (21% de surmortalité).

S’il est toujours bien difficile d’expliquer les raisons d’une plus forte virulence du virus dans les Pays de Savoie, il n’en demeure pas moins que les professions de santé y ont été encore plus lourdement mises à contribution par la pandémie que dans les territoires plus épargnés, notamment dans les établissements hospitaliers et les EHPAD. Or, ces deux structures connaissent des difficultés considérables de fonctionnement, ce qui a sans doute accentué la complexité de la prise en charge des patients.

Dans les établissements de santé de Haute-Savoie, le nombre de lits a reculé de 15% entre 2000 et 2019, faisant du département le 19e avec le plus bas taux de lits d’hospitalisation complète, devant les départements d’Ile-de-France (hors Paris). De plus, malgré l’augmentation de leur personnel (à l’exception du personnel d’encadrement notamment), les établissements haut-savoyards doivent palier la défection de nombreux professionnels qui sont recrutés par les établissements hospitaliers de Genève.

Ce phénomène n’est pas nouveau: depuis 2009, 100 infirmières qualifiées françaises rejoignent chaque année le canton de Genève (54% d’entre elles étaient démarchées par des agences de placement). Il est vrai que les conditions salariales n’ont pas d’équivalent: le salaire médian d’une infirmière diplômée d’état est de 2 292 €/mois en France, contre 8 867 €/mois à Genève… Au total, ce sont même 66% des infirmières diplômées des hôpitaux de Genève qui ont un diplôme français (données HUG), tandis que l’ARS avance même le chiffre de 75% dans une étude de 2021. Le parcours classique, pour les diplômés de Haute-Savoie, est de commencer leur carrière en France avant de venir travailler côté suisse. Les syndicats du Centre Hospitalier Annecy Genevois (CHANGE) avancent même que le taux de renouvellement du personnel de leur établissement atteint 60% chaque année depuis 2016.

Dans les EHPAD, une enquête nationale menée par la DREES en 2018 indiquait déjà que 44% des EHPAD déclaraient rencontrer des difficultés de recrutement. 9% des EHPAD avaient au moins un poste d’aide-soignant non-pourvu depuis plus de 6 mois, et même 10% des EHPAD avaient un poste de médecin coordonnateur non pourvu depuis plus de 6 mois. Il est fort probable, compte tenu du différentiel de salaire avec la Suisse, que la situation soit encore bien plus critique en Haute-Savoie.

Avec la pandémie et ce contexte tendu en matière de ressources humaines, la pression sur le personnel médical en place n’a donc jamais été aussi forte, en matière de cadences de travail, de confort de vie comme de risque sanitaire. Cette pression risque hélas d’aggraver davantage la situation et d’amplifier les défections parmi le personnel soignant. L’ARS évoque d’ores et déjà une pénurie de 1 800 personnes dans les établissement sanitaires et sociaux de Haute-Savoie.

Evolution de la mortalité en France entre 2019 et 2020 (en %)

Sources : INSEE